la photo de montagne au grand angle
La montagne vue au grand angle
La mode est venue d’utiliser couramment le grand angle. Les modifications de la technologie ont conduit à voir au travers d’un objectif différemment de ce que notre vision nous fait percevoir, sans que nous nous en rendions compte.
C’est l’abandon de la focale fixe remplacée par le zoom de grande qualité, qui en laissant toute liberté de cadrage, fait qu’il ne vient pas spontanément à la conscience, que le cliché qui va être pris ne reproduit pas la réalité de ce que notre œil nous fait percevoir.
Le rapport de grandeur entre le premier et l’arrière-plan est modifié, la notion de distance s’allonge plus ou moins considérablement. En montagne les sommets deviennent très bas et lointains, ce qui est l’inverse de qu’on veut précisément montrer.
L’emploi du zoom donne libre cours à l’envie d’élargir le paysage, de montrer tout ce que l’on peut voir, on ne se rend pas compte que l’objectif étant privé d’interprétation, élargit aussi obligatoirement en hauteur, la hauteur est diminuée, ce que nous ne désirons pas forcément.
J’ai naturellement, un intérêt particulier pour l’architecture et je suis sensible aux proportions de tout ce que je vois, c’est ainsi que j’ai eu l’occasion de ne pas reconnaître un paysage de Pralognan.
Un ami, grand fan de la photo, de la montagne, et de Pralognan, avait pu s’acheter un 17 mm, qui coûtait cher, par rapport au montant de son salaire, il était particulièrement enthousiaste à l’idée de l’étrenner.
J’ai eu le droit de pouvoir admirer les premier résultats. On n’en était pas encore au numérique, sur le premier film j’ai pu admirer une photo particulièrement belle, mais je n’y reconnaissais absolument pas Pralognan. Où c’est pris ? Cette photo prise de bonne heure, le matin, donnait des couleurs superbes, particulièrement le vert, à jour frisant.
En l’examinant longuement, j’ai fini par discerner Ritord, tout petit, j’ai alors pu me situer et me rendre compte qu’il s’agissait d’une vue vers Polset. Au premier plan ce qui semblait être un lac était en réalité une gouille qui se situe à gauche du chemin allant à Ritord. C’était précisément l’emploi artistique de ce grand angle qui apporte de l’importance au premier plan devenu l’objet principal.
Il s’agit ici d’un exemple particulièrement poussé mais très démonstratif.
L’emploi du grand angle apporte un avantage qui n’est pas forcément reconnu, il s’agit de la netteté sur une plus grande distance, ce que les photographes appellent la profondeur de champ, en l’employant il n’y a pas la même nécessité de choisir avec soin l’ouverture de l’objectif pour obtenir cette netteté, c’est plus simple et rapide, on enregistre ainsi tous les éléments qu’on a eu la possibilité de voir, c’est tout. On n’a pas enregistré ce qu’on a pu ressentir à cette belle vue.
J’en viens maintenant à la reproduction de nos si beaux paysages. Ils se retrouvent majoritairement non pas déformés, mais présentés d’une façon différente de l’ambiance qu’on peut ressentir sur place.
Je pense que cette présentation, avec des montagnes basses, peut ne pas donner spontanément l’envie de découvrir un lieu qui est pourtant incomparable.
Les vidéos jointes sur le fichier suivant montrent cette perte de beauté.
Pour montrer largement et réellement ce qu’on veut faire voir, c’est plus compliqué, il faut poser l’appareil sur pied et prendre 2 ou 3 photos décalées à la focale f/42, celle de notre œil, sur 2 niveaux si besoin, et les raccorder avec un logiciel.
Ce logiciel est maintenant bien répandu, il est facilement exploité par les photographes passionnés qui deviennent experts, j’en ai rencontré deux cet été.
Il s’agit ici, de faire un travail informatique et prendre du temps, c’est à dire de l’argent. Pour la publicité courante, nous en venons toujours aux économies qui conduisent à un produit moins haut de gamme auquel on s’est habitué.
Le choix des photos pour faire la publicité de la station est fait par ceux qui y vivent, ils connaissent parfaitement les lieux en oubliant la hauteur avec laquelle ils voient réellement les montagnes.
Pourtant ce grand angle est nécessaire pour faire des photos d’intérieur en vue de montrer nos appartements à louer, la pièce apparaît un peu plus grande, c’est plutôt satisfaisant, mais cela ne porte guère plus que sur une profondeur de 5 à 6 mètres, sans apparence de déformation.
Les médias utilisent souvent le grand angle et pour la photo de portrait, on a une déformation de l’expression du visage que je trouve parfois indécente, je ne trouve pas d’autre qualificatif, pour cette déformation, qui à cette occasion, est une trahison pour la personne qui est présentée.
Mais la mode change on passe d’un extrême à l’autre, c’est maintenant l’usage poussé du téléobjectif avec la vue des chroniqueurs qui effaçant une partie de la tête et empêchant de bien apprécier l’expression donnée par le haut du corps. Le spectateur est encore frustré.
Pour revenir à « la photographie » en tant qu’art, après tant de reproches, la courte focale tient une grande place pour les professionnels de haut niveau, elle permet une expression artistique inégalée. C’était le cas de la photo que je n’avais pas reconnue.
Je souhaite, avec cette page, attirer l’attention sur la perte d’attractivité, dont on n’a pas conscience, pour la présentation de Pralognan qui a justement la particularité d’avoir de hauts sommets proches du village, ce qui lui donne sa personnalité.
Lorsqu’on est sur place on a l’impression qu’ils sont proches, mais pas sur les photos.
M.V.G.